Mana, la tortue

Mana_la_tortue

Il commençait à faire nuit sur la plage en Guyane, près du village amérindien d’Awala-Yalimapo.

Mana, la tortue, nageait dans l’océan, elle arrivait au bout de son voyage. On l’apercevait, masse sombre dans l’eau qui s’approchait du rivage.

Elle se laissa porter par les flots sur le sable mouillé. Puis elle commença à marcher lentement, très lentement sur la plage.                          

C’était plus facile de se mouvoir dans l’eau, elle avait peine à se déplacer sur ce sol étranger.

Elle cherchait un endroit sec, retiré, que les vagues ne pourraient pas atteindre. Elle mit beaucoup de temps à parvenir en haut de la petite colline de sable.

Quand elle sentit le sol suffisamment chaud et sec sous ses pattes, elle s’arrêta et commença à creuser.

Elle balayait avec force le sable avec sa patte, ou nageoire, avant droite, et le jeta derrière elle aussi loin qu’elle pouvait.

Puis elle fit de même avec la nageoire gauche. Commença alors un ballet incessant, des jets de sable s’alternaient d’un côté et de l’autre.

Pendant ce temps là le trou se creusait, il devenait de plus en plus profond.

Quand elle sentit que ses pattes arrivaient assez profondément dans le sol, elle jugea qu’il était assez grand.

Alors elle s’installa et se mit à pondre. Quand un œuf tombait, avec sa nageoire elle le rangeait bien profondément, très délicatement.

Elle les abritait ainsi, du mieux qu’elle pouvait, les uns après les autres. Quand tous ses œufs furent tombés, Mana s’affaira à recouvrir le nid.

Toujours à l’aide de ses deux nageoires, elle ramenait le sable, qu’elle avait jeté auparavant, sur ses œufs chéris.

Chéris, car ces œufs allaient éclore et donner le jour à de petites tortues. Mais ce sera l’objet d’une autre histoire.

Quand le trou fut complètement rebouché, Mana se promena lentement sur toute la surface pour effacer toutes les traces que ses nageoires et son passage avaient laissées.

Il ne fallait pas que son nid soit découvert, ses œufs devaient éclore tranquillement à la chaleur du soleil qui montait haut dans le ciel pendant la journée.

Mana était très fatiguée.

Quand elle fut certaine d’avoir bien accompli sa tâche, elle repartit encore plus lentement qu’à son arrivée, car elle était fatiguée, vers les flots si accueillants.

Quand elle sentit les vagues lui lécher le corps elle donna quelques petits coups de nageoire pour y pénétrer plus vite et se laissa emmener vers les profondeurs si douces de l’océan.

La plage sur laquelle les tortues viennent pondre s’appelle aujourd’hui la plage de Mana.