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Les animaux ont la vedette
4 février 2016

JB le voyageur

 

Chiquita

 JB_le_voyageur

Je suis un pauvre chien créole, je vivais à la marina de Pointe à Pitre, plutôt j’essayais de survivre.

J’étais sur la défensive en permanence. Les personnes que je rencontrais me chassaient, me filaient souvent des coups de tong et certains même me jetaient des cailloux.

Les chiens en Guadeloupe sont plus souvent accueillis par des « mach » que par des « vini ». Et quand on voit arriver un bipède on se méfie avant tout, on s’éloigne rapidement, la queue entre les jambes et le dos courbé.

Je me cachais donc durant la journée. Je restais tapi sous les voitures sur le parking, me faufilant dès que j’apercevais deux pieds approcher, pour m’aplatir ensuite sous le véhicule le plus proche.

Quand j’avais trop chaud, je prenais un peu l’air à l’ombre des flamboyants et j’attendais qu’il pleuve pour m’abreuver dans les flaques d’eau. Je ne sortais que la nuit, quand tout était devenu calme, je fouillais les poubelles des restaurants pour trouver à manger.

Mais il y a des miracles parfois. Un gentil monsieur, qui vivait sur un bateau, m’ayant repéré, est venu, un jour, déposer les restes de son repas, non loin de moi.  Dès qu’il eut tourné le dos, je me suis précipité pour dévorer ce qu’il m’avait amené.  Il m’avait bien sûr observé de loin et il prit l’habitude de venir me nourrir régulièrement.

Ainsi apprivoisé, je me surpris, un jour, à le suivre. Il me laissa même monter sur le pont. Je suis cependant redescendu assez vite car le sol ne me semblait pas très stable et je préférais malgré tout la terre ferme.

Il avait fini par me baptiser JB, du nom du pub derrière lequel je squattais le plus souvent, le jardin brésilien. Moi, ça m’allait bien car dès que j’entendais JB, je savais que j’allais avoir quelque chose à manger.

Un jour, il me fit monter sur son bateau, et avant que j’aie le temps de comprendre, il l’avait détaché et je me retrouvai voguant sur les flots.

On quitta la marina, je vis les bâtiments s’éloigner peu à peu, je n’étais pas très rassuré. En plus, ça tanguait, je n’avais pas les patounes marines a priori et je ne me sentais pas très bien. Je restais sur le pont, les oreilles aux alizés, regardant droit devant moi l’immensité bleue de la mer.

Petit à petit, je me suis habitué, et la présence du gentil monsieur me rassurait, il ne m’avait jamais fait de mal jusque-là, donc je lui faisais confiance.

La nuit, dans le noir, j’étais cependant un peu inquiet par les cliquetis qui résonnaient dans mes oreilles, j’avais l’habitude de les entendre sur les quais mais là, en pleine mer, ils prenaient une autre dimension.

Soudain il se mit à pleuvoir, et mon maître, je décidai de le considérer ainsi, m’invita à descendre dans la cabine, beurk, ça remuait beaucoup à l’intérieur. Et ça sentait une odeur de renfermé.

Mais je n’avais pas d’autre abri !

Voyant mon hésitation, il m’invita à partager sa couchette.  Alors là … je ne me fis pas prier et me blottis contre lui. Je crois que ce fut la plus belle nuit de ma vie.

Un peu plus tard, j’aperçus quelque chose au loin, je scrutai l’horizon et vis cette masse s’approcher de plus en plus distinctement. C’était une île, je le sus après, j’apercevais des montagnes de cocotiers. Je n’exagère pas, des montagnes des cocotiers, je vous assure. Ce paysage ne ressemblait pas à celui que j’avais quitté.

Curieux, j’observai les manœuvres de mon maître qui s’activait. Il réussit à immobiliser le bateau et mit sur les flots une sorte de petit radeau, tout gonflé. Il me prit dans ses bras et je me retrouvai avec lui sur ce qu’il appela l’annexe. Puis à l’aide des bouts de bois, qui étaient de chaque côté, il la fit avancer vers la plage bordée de cocotiers.

Quand nous pûmes toucher terre, je sautai sur le sable et tout se mit soudain à tourner, j’avais ce qu’on appelle le mal de terre, j’étais resté trop longtemps sur l’eau.

Lorsque je vis mon maître d’éloigner, je le suivis sans chercher à savoir si j’étais en état, je ne connaissais pas cet endroit et ne voulais surtout pas le perdre de vue.

Il se promena dans les rues animées et fit quelques emplettes. Je restai sur mes gardes en croisant des humains mais à ma grande surprise, ils ne m’étaient pas hostiles. Personne ne me rejetait, personne ne me criait « mach », personne ne me jetait de cailloux ou autres projectiles. C’était le paradis ici.

Je ne comprenais pas un strict mot de ce que les gens disaient, ils ne parlaient pas le même langage qu’en Guadeloupe mais je sentais qu’ils étaient bons envers les animaux. J’étais arrivé sur l’île de la Dominique et je ne le regrettais pas.

Je ne savais pas qu’il pouvait exister des endroits où, nous les chiens, pouvons vivre en paix, mais mon maître m’avait offert ce cadeau.

J’espérais qu’on y resterait longtemps. Et ce fut le cas pour mon plus grand bonheur car j’y suis toujours et je souhaite à tous mes copains créoles de faire un jour le voyage et de finir leurs jours ici.

 

 La petite Chiquita, guadeloupéenne, venue en métropole avec sa maman et ses trois soeurs, illustre cette histoire.

 

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  • Ce blog est composé d'histoires qui ont pour but de sensibiliser les enfants au monde animal. Je pense particulièrement aux timouns de Guadeloupe où la condition des animaux est extrêmement difficile. Un fichier pdf est disponible dans chaque article.
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