Le sauvetage de Réglisse

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Je m’appelle Réglisse, oui je suis un chat tout noir, un beau matou de cinq ans.

Je vivais dans une maison avec un jardin et une véranda avec d’autres chats et des lapins.

Un jour mes maîtres ont déménagé, je me suis débattu quand ils m’ont porté dans la voiture. Je ne voulais pas quitter mon cadre de vie. Alors, comme ma nouvelle maison n’était pas loin, je suis revenu !        

La porte étant fermée je suis resté dans le jardin. Je n’avais pas pensé que je n’aurais plus à manger. J’ai commencé à errer dans le quartier à la recherche de nourriture. J’allais jusqu’à rentrer chez des voisins qui n’ont pas apprécié. Un chasseur parlait même de me donner un coup de fusil.

D’autres, plus sympathiques, heureusement, me déposaient de quoi manger. J’avais des restes de viande donnés par le boucher mais parfois des aliments plus surprenants comme des frites et des biscuits.

Mes maîtres, au courant de la situation, ne se sont pas préoccupés de moi. Je ne les ai jamais revus. Ils ne sont même pas venus me donner un petit quelque chose.

Je voyais passer une dame qui allait en promenade avec sa chienne Cliona. Une voisine lui a expliqué qu’elle partait en vacances et se faisait du souci pour moi. La dame ne connaissait pas mon existence jusqu’à cet instant, elle promit alors de me nourrir.

Elle a aussitôt contacté des associations de protection animale pour me mettre en sécurité. Elle pensait notamment que l’hiver arrivait et voulait que je sois à l’abri. Aucune n’a pu me prendre en charge mais l’une d’elle a proposé de payer les frais de ma stérilisation. Il ne fallait surtout pas que je fasse des petits aux minettes du quartier. Il y avait bien trop de chats abandonnés.

Cette dame est venue, deux fois par jour, pendant un certain temps, me donner des croquettes et de l’eau. Elle m’appelait et attendait que je vienne pour mettre les récipients à terre.

Puis elle a commencé à me caresser pendant que je mangeais. Je dois dire que je ne me laissais pas approcher autrement. Avec le temps je me suis habitué à elle et quand j’entendais «  Réglisse, Réglisse » j’arrivais.

J’acceptais ses câlins du moment que je mangeais !!

Quand il pleuvait, elle me déposait la nourriture sous un cyprès et tout restait bien au sec.

Elle avait essayé de me préparer un coin à l’abri avec un petit tapis mais je n’y suis pas allé, je préférais me cacher derrière les herbes hautes. Et, si elle n’avait pas de nourriture, je ne sortais pas de là !

La maison était mise en location et je voyais des allées et venues dans le jardin. Un matin un homme a jeté mes deux gamelles et a interdit à la dame d’entrer dans le jardin ! Il a fermé le portail à clef ! C’était le responsable de l’agence immobilière.

La dame a eu beau lui expliquer qu’elle essayait de me sortir de là, que ce n’était qu’une question de jours, rien n’y a fait !

Les jours suivants, elle m’a donc appelé depuis le trottoir. Je me suis approché mais je restais dans le jardin à la regarder, ne comprenant pas pourquoi elle ne venait plus jusqu’à moi !

Elle agitait les croquettes et comme mon estomac criait famine, je finis par passer à travers la grille.

Il faut dire que les voisins ne me donnaient plus rien, la laissant essayer de m’apprivoiser.

Ouf … Elle semblait soulagée !!

Elle me caressa pendant que je mangeais et notre petit manège recommença, cette fois sur le trottoir.  

Un matin, elle arriva, tôt, avec une cage, accompagnée d’une jeune fille.

En deux temps trois mouvements je me suis retrouvé dans la caisse de transport, et  tout aussi vite dans le coffre d’une voiture.

Je n’étais pas rassuré mais je n’ai rien dit durant le trajet. J’ai été déposé chez un vétérinaire. Je ne comprenais pas tout ce qu’il m’arrivait. Après je crois que j’ai dormi longtemps, j’étais tout bizarre à mon réveil.

Le lendemain, la dame est venue me chercher, elle m’a parlé gentiment par la grille de la caisse en me caressant. Je lui ai répondu par un miaulement qui voulait lui dire : « Je suis content de te voir mais ramène moi dans mon jardin s’il te plait ! ».

Mais ce n’est pas là qu’elle m’a emmené. Elle n’allait pas me remettre dehors !

Elle ne pouvait pas non plus me prendre chez elle, elle habite à côté, je serais reparti aussi sec me cacher dans mes hautes herbes !

Elle m’a expliqué qu’elle allait me déposer chez une amie à elle, la fée Cécile, qui a sauvé sa chienne Cliona. Elle prendrait bien soin de moi en attendant de me trouver une gentille famille.

Et c’est le cas ! Fée Cécile est aux petits soins avec moi. Elle m’a donné de bonnes choses à manger, j’ai le poil bien luisant maintenant. J’ai pris du poids, un peu trop peut-être car je suis devenu gourmand. J’ai eu trop faim, je ne peux pas voir de nourriture rester dans la gamelle.

Je suis avec d’autres chats, des guadeloupéens, ils se parlent en créole, je ne comprends rien. Heureusement fée Cécile me parle en catalan parfois, cela me fait du bien. J'ai oublié de vous dire que mon histoire se passe dans les Pyrénées Orientales.

Après un temps d’adaptation dans une pièce, j’ai retrouvé ma liberté et je peux aller dehors. Je n’essaie pas de me sauver. Je me sens bien dans ce nouveau jardin.

Finalement, la dame a bien fait de me capturer, je ne lui en veux pas, je lui en suis même reconnaissant. Je suis bien plus heureux maintenant, je remercie la fée Cécile de m’avoir accueilli.

Ecrit par Mabel