Kiona

19 avril 2017

Je suis une créole née en Guadeloupe, j’ai été abandonnée, avec mes six bébés, à Morne à l’Eau en Grande Terre.

J’errais dans le quartier de Dubelloy quand j’ai rencontré une bonne âme qui a eu pitié de nous.

Comme il n’y avait pas de place dans les familles d’accueil, elle nous a d’abord laissé des croquettes dans la rue. Mes petits me tétaient encore.

Plus tard elle a pu nous sécuriser et nous emmener chez le médecin des animaux.

Je suis devenue Kiona et mes six petits, Yoruk, Tobol, Liao, Lali, Féroé et Comanche.

Les deux derniers ont été adoptés sur l’île. Je suis partie avec les quatre autres en métropole le 30 Mars 2015.

J’ai été placée avec Lali, Liao et Yoruk dans un refuge et Tobol dans un autre. Il y a dû y avoir une erreur dans la répartition à l’arrivée.

J’étais très inquiète de ne plus le voir, il était, tout seul, à une centaine de kilomètres de nous, le pauvre. Ces débuts de vie sont trop tristes pour nous les créoles.

Heureusement, j’ai pu avoir une photo de lui.

Une gentille bénévole venait nous voir au refuge et elle a pris des photos de Lali et Liao.

Ils étaient beaux mes bébés n’est-ce pas ?

Liao et Yoruk ont été les premiers à trouver une famille, trois jours après notre arrivée.

J’ai appris que Tobol avait été adopté le 12 avril et j’ai vu partir ma petite Lali le lendemain. J’étais tellement heureuse pour eux.

La chance me souriait car je ne suis pas restée longtemps derrière eux. Le 14 Avril, j’ai franchi moi aussi, la porte du refuge.

Je pensais trouver le bonheur mais il ne dura pas bien longtemps. Quelques mois plus tard, j’ai été repérée sur le bon coin et reprise par le refuge.

Je n’ai pas compris pourquoi mes maîtres n’ont pas voulu me garder. Je n’ai pas compris pourquoi je me retrouvais à nouveau dans un box, en plus il commençait à faire froid. J’étais tellement triste, là, toute seule derrière mes barreaux.

Non loin de moi vivait une famille avec trois enfants et deux chiens. Les deux loulous déjà bien âgés, ils avaient 14 ans, partirent au paradis à 17 jours d’intervalle. Il y a des moments difficiles dans la vie. Ils avaient eu aussi un chat qui avait disparu et ils n’ont jamais su ce qu’il lui était arrivé.

Les maîtres, petits et grands, étaient tellement abattus qu’ils ne voulaient plus d’animaux.

Mais le temps passait et la dame trouvait la maison bien vide, trop vide. Tout naturellement elle pensa à reprendre un chien.

Environ six mois plus tard, elle découvrit sur internet qu’il y avait des journées portes ouvertes au refuge. Elle demanda à son mari et ses enfants de l’accompagner.

Les voilà partis le dimanche 20 Décembre 2015, ils étaient à deux heures de route mais la distance n’avait pas d’importance. Ils voulaient adopter un toutou !

Ils ont fait le tour des boxes et ont eu un coup de cœur pour un labrador, Jedaï. Le personnel leur a déconseillé car ils ne le trouvaient pas « compatible » avec des enfants en bas âge. Leur dernière petite fille n’avait qu’un an et demi.

Bien sûr, ils ont écouté les recommandations et ont poursuivi la visite ensemble. Il y avait beaucoup de chiens âgés. Ils expliquèrent alors qu’ils ne voulaient pas en adopter un vieux pour ne pas subir à nouveau la douleur de le perdre trop vite.

Et là, la personne du refuge pensa à une chienne qui n’était pas visible. Elle venait de revenir après s’être retrouvée proposée à l’adoption sur le bon coin.

Vous l’aurez deviné, cette chienne c’était moi !

Ils se dirigèrent vers mon box et je suis sortie pour les présentations. L’amour était au rendez-vous ! Tout le monde est tombé sous mon charme du plus petit au plus grand.

J’avais et j’ai d’ailleurs toujours très peur des hommes, de quasiment tous les hommes, mais avec le monsieur je me suis tout de suite sentie en sécurité.

Je n’étais pas un mâle, mais peu importe, je suis repartie avec ma nouvelle famille, espérant cette fois que ce serait pour la vie.

Mes maîtres disent que je suis très attachante bien que parfois un peu trop possessive. Mais je les aime tellement que je ne veux pas prendre le risque qu’on me les enlève.

Ma maîtresse adore mes grandes oreilles.

Elle dit que si j’avais été un mâle elle m’aurait sans doute renommée Dumbo, comme l’éléphant du dessin animé de Wald Disney. Mais je suis une petite femelle alors elle m’a conservé mon prénom.

J’ai découvert ma première neige avec eux. Je suis comme une folle quand je la vois tomber, je cours, je saute, j’adore ça. J’ai oublié de vous dire que j’habite dans les Vosges, le paysage y devient tout blanc l’hiver, c’est magnifique.

Je n’aime pas que l’on me prenne en photo par contre, quand je les vois avec leur petit appareil à la main devant moi, je tourne le plus souvent la tête.

Là ma maman m’a pris alors que je dormais sur elle la coquine !

Nous coulons tous ensemble des jours heureux et nous espérons tous que cela dure encore très, très longtemps.

J’ai eu des nouvelles de mon petit Yoruk, il était sur Pet-Alert car il s’était sauvé le chenapan. Il a été retrouvé ne vous inquiétez pas, je sais qu’il s’appelle Lasko maintenant.

Il est devenu magnifique, je suis fière de ma progéniture.