Biwi

23 avril 2017

J’avais moins d’un an quand j’ai été recueilli sur une plage de Guadeloupe, en Grande Terre, par une gentille fée.

J’étais très maigre et en piteux état. Je souffrais de multiples fractures déjà anciennes.

Une de mes pattes arrière était morte, il n’y avait plus rien à faire pour la sauver.

Elle me gênait beaucoup pour marcher.

Je ne me souviens pas de ce qu’il m’est arrivé, c’est trop loin maintenant.

Il me restait une grande peur de la rue et des voitures, ce qui laisse à penser que mes blessures proviennent d’un choc avec un véhicule.

Pris en charge par une association, je me suis envolé pour être soigné en métropole le 12 Février 2016. Je me suis retrouvé dans le département des Hautes Alpes, dans la montagne.

Le médecin des animaux, qui était une femme, a décidé de m’enlever ma vilaine patte car, selon elle, je serais plus à l’aise pour me déplacer.

Un appel a été lancé pour aider à payer l’opération. J’en profite pour remercier tous les donateurs et ceux qui se sont mobilisés pour moi.

J’ai donc été opéré peu de temps après et me suis très bien remis. La vétérinaire avait raison, je suis beaucoup mieux maintenant. Je suis allé la voir régulièrement par la suite, elle a été ma bonne étoile elle aussi.

J’ai été placé dans une famille d’accueil durant ma convalescence. Il y avait des enfants et plein d’animaux.

Une dame a été émue par mon histoire et elle a décidé de devenir ma maman. C’était le 3 Juin, très exactement. Cette date reste aussi marquée dans ma mémoire.

Nous avons voyagé jusqu’à Marseille pour rejoindre notre petite maison dans la colline.

Je suis habitué aux balades en voiture. Nous refaisons souvent le trajet pour revoir la vétérinaire que ma maîtresse apprécie beaucoup. Cela ne pose aucun problème car je suis toujours très sage.

Je n’ai pas changé de nom mais maman l’écrit Biwy.

Au début, j’étais très craintif, je faisais même pipi dès qu’une nouvelle personne arrivait ou que quelqu’un élevait la voix. Je me demande si c’est comme ça pour tous les animaux qui viennent d’être adoptés.

Dans le jardin, il y avait deux poules, je m’amusais tellement avec elles qu’elles n’ont pas survécu les pauvres. Je ne suis pas méchant du tout mais j’aime jouer.

Deux nouvelles sont arrivées depuis, Akouba et Yakitori. Mes maîtres ont renforcé la clôture et j’ai compris la leçon, les poulettes ont le cœur fragile.

Je cohabite avec deux chats également, ils s‘appellent Caprice et Chipper. Je ne supporte pas, par contre, que d’autres viennent sur notre territoire !

En métropole il y a quatre saisons, ce n’est pas comme en Guadeloupe où la saison des pluies succède à la saison sèche.

J’étais arrivé à la fin du printemps et l’été est vite arrivé. La colline étant interdite aux promeneurs à cette époque de l’année, je ne suis pas sorti tout de suite.

Dès l’automne, j’ai pu découvrir l’autre côté du grillage. J’en ai profité pour courir sur mes trois pattes tellement j’étais content. Je suis très agile malgré mon handicap, je vous l’assure.

Papa m’emmène souvent balader et je l’accompagne quand il fait son footing.

Il y a parfois deux grands garçons qui jouent avec moi, eux aussi ils disent papa et maman. J’ai de la chance de vivre dans cette famille.

Je discute avec Lola, la chienne de la voisine, à travers le grillage. Elle vient de Nouvelle Calédonie, on parle de nos îles, elle me raconte des histoires de là-bas.

Pour que je ne reste pas seul trop longtemps j’accompagne parfois maman à son bureau à Marseille. Je n’ai plus peur des voitures maintenant.

Mon passé douloureux est loin derrière moi, je suis pleinement heureux.

J’ai bientôt rendez-vous chez l’ostéopathe, c’est papa qui me l’a dit. Il y va régulièrement. Je suis impatient de connaître cette nouvelle expérience.

J’envoie plein de bisous aux fées de Guadeloupe.