Leïla et Sacha
Je suis une chienne créole, je vais sur mes 9 ans.
Quand j’étais petite je me suis retrouvée à la rue.
Tout ceci est si loin, je ne me souviens plus comment c’est arrivé mais ma maman n’était plus là pour me protéger.
Cela se passait au Gosier, en Grande Terre, en Guadeloupe.
J’ai marché longtemps pour trouver de la nourriture et je me suis arrêtée devant une maison qui m’a semblé accueillante.
Je suis rentrée dans le jardin.
J’avais suivi mon instinct et il ne m’a pas trompée.
La personne qui habitait là m’a tout de suite donné à manger et à boire.
Je me suis installée sur la terrasse, je m’y sentais bien.
J’étais enfin en sécurité.
Je ne suis jamais repartie. J’avais trouvé la maison du bonheur.
Ma maîtresse m’a appelée Leïla, j’adore mon prénom.
Les années ont passé, je profitais de ma vie paisible, ponctuée de jeux dans le jardin et de séances câlins.
Un jour, j’ai entendu couiner dans l’herbe, je me suis vite approchée et j’ai découvert une minuscule boule de poils, un tout petit bébé.
Comment était-il arrivé là ? Je ne le saurai jamais, probablement jeté comme je l’avais été moi-même.
Je l’ai pris délicatement dans ma gueule et l’ai emmené à l’abri sur ma terrasse bienaimée.
Il ne fait pas froid en Guadeloupe mais le chiot tremblait, alors je me suis mise en boule pour le garder au chaud contre moi.
Je le protégeais du mieux que je pouvais en attendant que ma maîtresse le découvre. Je ressentais des instincts de petite maman, moi qui n’avais jamais eu de portée.
Effectivement, quand ma maîtresse m’a vue dans cette position inhabituelle, elle est de suite venue voir si tout allait bien.
Et elle découvrit mon petit trésor que je tenais bien caché.
Elle le prit aussitôt dans ses bras.
Je n’étais pas inquiète, je faisais toute confiance à cette bonne personne qui m’avait sauvée quelques années auparavant.
Et une fois encore je ne me suis pas trompée. Elle a pris grand soin du bébé.
Elle lui a donné le biberon car il n’était pas encore sevré et progressivement l’a habitué à manger.
C’était une femelle.
J’ai vu la petite Sacha grandir à mes côtés, je la considérais comme ma petite à moi. C’était mon trésor à jamais.
Et Sacha ne me quittait pas non plus, elle restait toujours près de moi. Elle savait que je l’avais sauvée et m’a adoptée comme sa deuxième maman.
Les années ont passé et nous sommes toujours inséparables, collées l’une à l’autre.
Leïla et Sacha, les deux petites créoles abandonnées, sont désormais heureuses ensemble dans la maison du bonheur.
Moi je l’avais trouvée toute seule ma maison du bonheur, peut- être n’était-ce pas un hasard si Sacha y avait été déposée ? Peut-être que la personne qui l’avait mise là savait qu’elle ne la condamnait pas ?
Je suis persuadée que oui.
Ecrit par Mabel et Audrey.