Famille d’accueil à jamais

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Mon amour pour les animaux est universel. Ma vie a toujours été bercée par ces fantastiques créatures, j’ai une attirance particulière pour les chiens, mais tout ce qui est poilu, à plumes ou rampant trouve grâce à mes yeux.

Le spectacle que nous offre la vie animale n’est pas toujours très  beau, assez rapidement dans mon enfance se sont manifestés l’envie, le besoin d’améliorer leurs conditions ou de réparer.

Je vous rassure je ne compte pas vous raconter toute ma vie, juste vous écrire  comment je suis devenue famille d’accueil et pourquoi je le suis restée.

Un jour, j’ai adopté une petite chienne en provenance de Ceuta, enclave espagnole au Maroc, elle est arrivée très traumatisée et il a fallu beaucoup de temps pour qu’elle se sente en confiance.

Elle s’appelait Aria, elle est devenue Maïka.

Quelques mois plus tard, j’ai reçu un SOS. Il concernait Tara, qui avait voyagé avec la mienne. Elle ne répondait pas aux critères de sa famille adoptive. Cette dernière devait penser que l’éducation d’un chien se fait en deux temps trois mouvements.

 

Je n’ai pas voulu que cette petite aille en refuge, cela me paraissait trop injuste. Je suis donc allée la chercher le soir même pour l’amener à la maison. Mon intention n’était pas de l’adopter mais de m’en occuper jusqu’à ce qu’elle soit apte à partir dans un nouveau foyer.  On a forcément le souci de bien faire, d’être à la hauteur de ses « ambitions », c’était une toute nouvelle aventure pour moi.

Au bout de quelques semaines cette petite était adoptée dans mon entourage.

L’aventure aurait pu s’arrêter là.

Mais il y eut Marley !

 

Marley survivait, attaché, dans un hôtel en ruine sur Marie Galante, au milieu de ses excréments. Il devait être délivré de toute urgence. Mais ce n’était pas aussi simple, il fallait en tout premier lieu trouver quelqu’un pour l’accueillir en métropole, et Marley n’est pas un petit gabarit.

Je n’ai pas réfléchi bien longtemps, après tout il y avait de la place chez nous pour qu’il puisse avoir une seconde chance dans la vie.  Il était bien question de cela, lui offrir une seconde chance, un avenir plus radieux.

Lorsque je parle de mon activité de famille d’accueil, toutes les personnes me disent la même chose, que ce doit être dur de les laisser partir. Curieusement, non, ce n’est pas dur car je sais qu’ils seront heureux chez leurs maîtres.

Mon « travail « avec les chiens que j’ai en accueil consiste à les rassurer, à leur faire connaître la douceur des caresses, à soigner les blessures de leurs corps mais aussi celles de leurs âmes, à leur apprendre à jouer.

Le chien a une âme, il est sensible à ce qu’on lui offre. Petit à petit, il reprend confiance, trouve ses marques.

Cela peut se faire rapidement, parfois il faut plus de temps, mais cela n’a aucune importance, le but est de leur offrir ce qu’ils n’ont jamais eu encore, de l’amour, de la tendresse pour leur permettre de s’épanouir.

Certains arrivent et ne connaissent même pas l’intérieur d’une maison, ils ont peur de rentrer, ne se trouvant pas à leur place.

C’est tellement émouvant de les voir ensuite, prendre goût à la chaleur d’une couverture, à une place sur un sofa, vous suivre du regard dans votre maison car ils ne sont plus seuls au fond du jardin à mourir d’ennui.

C’est tellement réconfortant de les voir interagir avec l’humain alors qu’ils n’ont jamais eu cette chance, certains n’ayant connu que les coups, d’autres n’ayant été considérés que comme des objets servant juste à prévenir quand quelqu’un s’approchait.

On se sent comme un guérisseur de l’âme. C’est simplement beau de voir des chiens, qui étaient apeurés au départ, découvrir les joies de la vie en famille.

Ils retrouvent alors leur instinct de chien fidèle, un coup de langue sur votre main, la tête calée au creux de votre cou. Ils se lèvent sur leurs pattes arrière pour vous montrer qu’ils veulent une caresse. Il  y a tellement de gratitude, de reconnaissance dans leurs regards ! C’est une belle récompense.

Marley fut donc le premier créole à entrer dans ma vie, il a passé quelques mois avec nous, un chien très intelligent avec un besoin d’affection énorme. Un chien qui aimait ses congénères, une force tranquille tellement il était musclé.  Lorsqu’il est parti, la joie remplissait mon cœur, ma mission avec lui était terminée, je l’avais confié à une famille qui allait s’occuper de lui du mieux possible.

Mon rôle était tout simplement de sauver un chien et permettre à une famille d’avoir 30 kilos d’un amour pur et sincère. Marley est devenu le compagnon parfait pour sa famille, il vit heureux depuis plusieurs années maintenant.

Après Marley, il y eut Giro, Nikita, Etoile, Archibald, Obama, tous des créoles originaires de Marie Galante.

         

       

Ce sont beaucoup de happy ends, il faut l’avouer. J’ai noué des d’amitiés durant mon engagement en tant que bénévole famille d’accueil, rencontré des gens qui se battent pour sauver chiens et chats avec une dévotion merveilleuse. 

J’ai aussi fait la connaissance de personnes qui venaient découvrir les chiens que j’avais en accueil. J’ai pu observer la première caresse qu’ils leur donnent, la première friandise offerte, J’ai vu les étoiles dans les yeux des futures familles qui allaient accueillir mes petits protégés. 

J’ai pu observer leur envie de bien faire pour mettre à l’aise le futur compagnon. On essaye alors de les rassurer car elles ont peur de mal faire, d’être trop brusques, craignent que le chien regrette sa place chez nous.

Mais les animaux sont plus intelligents, ils comprennent la situation et même si je sais qu’ils garderont toujours le souvenir de notre foyer, ils s’adaptent parfaitement à leur nouvelle vie et offrent tout leur amour à leurs nouvelles familles.

On est confronté à tellement de misère dans le monde entier, il y a tant de chiens et chats à aider, on voudrait faire tellement plus pour rendre le monde meilleur.

J’aime accueillir et offrir un foyer doux à ces naufragés de la vie, soulager leur faim, leur offrir la liberté de mouvement qu’ils n’avaient pas avant pour la plupart.

Il y a des chiens qui vous marquent par leur caractère si doux après un passé si rude. En deux ans j’en ai accueilli beaucoup à la maison, des sauvetages de dernière minute, des cas de traumatismes sévères, des affamés, des battus. A force de patience et avec beaucoup de tendresse, chacun d’eux a retrouvé son  équilibre et devenu un chien « bien dans ses patounes ».

Il y a tellement de positif à être à leur contact, cela enrichit notre vie, on se sent utile à une cause noble.

Si vous lisez ce texte j’espère que vous aurez la chance comme moi, de croiser ces malheureux et que vous leur ouvrirez votre porte, vous vous en sentirez grandi.

Les animaux ont aussi la faculté merveilleuse de rapprocher les humains entre eux. J’ai toujours pris le temps de dialoguer avec les familles. Des mois et des années plus tard, nous continuons à échanger, elles me donnent des nouvelles et m’envoient des photos. Mes petits protégés sont à jamais dans ma vie.

Si un jour vous voulez distiller du bonheur autour de vous, n’hésitez pas tenter l’expérience de la famille d’accueil. C’est un si petit investissement pour la cause animale et c’est tellement important pour les associations. Si on était plus nombreux à ouvrir nos foyers, on pourrait sauver des milliers de chiens ou de chats.

Avoir la sensation d’être un sauveur, un super héros pour un petit cœur à quatre pattes est tellement gratifiant. 

Bien sûr, il faut avoir de la patience et beaucoup d’amour à donner avant que le petit protégé vole de ses propres ailes … au bout de quelques semaines ou quelques mois.

Je ne regrette pas d’avoir un jour sauté le pas, moi qui ne savais pas comment je pouvais aider ces malheureux, aujourd’hui  j’ai trouvé ma façon à moi d’œuvrer en respectant mes convictions.

Alors que je suis d’une timidité exacerbée, grâce à eux, je peux me lancer dans des conversations de plusieurs heures, il y a tellement choses à dire sur nos amis les bêtes.

Je crois qu’ils m’aident autant que je les aide finalement.

Je ne parle même pas de la confiance que me font ces personnes qui sortent un chien de l’enfer et me le confient en ayant l’intime conviction que c’est chez moi qu’il s’épanouira le mieux, c’est une reconnaissance précieuse.

Il me serait difficile de faire machine arrière maintenant,  je pense toujours à garder une place libre pour pouvoir offrir un refuge à un malheureux, c’est devenu un automatisme. 

Ce besoin de me sentir utile et nécessaire à une cause qui me tient très à cœur est devenu mon équilibre.

Peut-être qu’en lisant ces quelques lignes vous aussi vous aurez envie de faire l’expérience, je n’aurai qu’une chose à vous dire : «  et si vous le faisiez ce petit pas…  Si vous nous rejoigniez.

Ecrit par Fabienne et Mabel