Merci_Aloha

En métropole, le 12 février 2013 :

Comme chaque jour, je regarde sur Facebook une page qui relaie les sauvetages effectués en Guadeloupe. Cela fait plusieurs mois que nous parlons d'adopter, chien ou chat, et que nous pleurons chaque jour devant les publications.

Comme nous avons deux petites filles, mon mari, Patrice, préfère qu'on adopte un chiot, même s'il sait qu'avec de l'amour et de la patience on règle tout.

Soudain, je reste les yeux rivés sur cette photo : deux boules de poils et déjà celle de droite m'hypnotise et là le texte qui me glace "urgent accueil métropole demandé, risque d'euthanasie, pas de famille d'accueil».

Je me retourne pour appeler Patrice, il est déjà derrière moi et me dit

" Oh ! La bouille à croquer celle de droite, si tu arrives à la faire venir, c'est elle ! ".

Sans trop y croire, je me renseigne. Il y a deux sœurs, un frère qui sera adopté sur place, une maman Kosette qui fait peur par sa maigreur et semble si douce. La responsable me répond que des animaux vont être transférés, le 25 de ce mois, dans une association de ma région, la Lorraine. Je dois la contacter mais aussi la convaincre de prendre les trois, car les deux petites ne sont pas sevrées. La directrice accepte rapidement de les ajouter au voyage. Elle me prévient qu'il faudra qu'on attende environ un mois avant de l'adopter, le temps qu’elle ne tête plus sa maman.

S’ensuivirent 14 jours interminables…

Dès ce 12 février, tous les quatre, nous avons choisi ton prénom "ALOHA" qui ne signifie que des choses positives, amour, bienvenue … Il te va déjà si bien.

Une chienne, un changement radical de vie va arriver, les filles sont impatientes, Cassandra, la plus grande, est déjà dingue de toi, elle en rêve depuis qu'elle est petite, elle si réservée et solitaire.

26 février 2013 :

Nous recevons un appel nous avertissant que les animaux sont bien arrivés. Notre pupuce s’appelle Galila.

Nous décidons d’aller la voir dès le lendemain.

27 et jours suivants :

On te voit, différente de la photo, et déjà tu fais partie de la famille, on te "reconnaît" parmi tous, pourtant tous craquants. Ta maman nous fait verser bien des larmes tant elle est gentille malgré les sévices subis, visibles par les cicatrices sur son corps si maigre.

Nous allons alors venir te voir chaque jour. Des moments trop courts, on vient toujours en famille, même Mamie vient, un brise-cœur de devoir te laisser dans cet endroit chaque soir.

Papa qui commence déjà à t'apprendre ton prénom quand on vient, à te faire reconnaître nos odeurs. Je ne connais rien aux chiens, je lui fais confiance pour l'éducation.

04 mars 2013 :

Nous préparons ton arrivée, nous achetons un panier bien grand, un beau coussin moelleux, un os Kong Puppy, une corde, des croquettes, on veut tout pour que tu sois bien !

On arrive comme chaque jour au refuge, et ce jour-là, on apprend qu'on peut repartir avec toi ! Ta maman n’a plus de lait dans ses mamelles et vous repousse, vous mangez les croquettes, donc voilà on y est !

C’est pour moi un mélange d'extrême bonheur et un gros sentiment de culpabilité. Durant ces jours, nous nous sommes attachés à ta maman et ta sœur, et je me mets à parler à Kosette, à pleurer en lui expliquant comme je suis désolée de lui prendre sa fille, mais que je ferai tout pour la rendre heureuse.

Papa fait le dur mais je vois que laisser Kosette le touche aussi, on commence à réfléchir mais on sait qu'on ne pourrait pas gérer deux chiennes. Heureusement un jeune couple et la maman du jeune homme arrivent et vont adopter les jours suivants la petite Galopine et Kosette.

Notre Aloha, 4,2 kilos d'amour débarquent à la maison. Tu cours direct dans ton panier, dans lequel on a décidé de mettre un tee-shirt de chacun, qu'on avait porté, pour te rassurer, tu t'emmitoufles dedans.

Cela fait bizarre dans notre maison, c’est inhabituel et pourtant déjà si normal de te voir là.

Les filles te réservent un accueil de reine, Cassandra et toi, une histoire qui ne fait que commencer, Elina est plus petite et ne sait pas trop comment faire pour bien faire.

15 décembre 2016 :

Tu as aujourd'hui quatre ans ! Voilà presque quatre ans que tu fais partie de nos vies.

On ne va pas mentir, cela ne fut pas facile au début, on en a dévoré des conseils sur Internet.

On pensait qu'en adoptant un chiot créole, on n'aurait qu'à l'éduquer, ce n’était pas si simple. Bien que tu aies été abandonnée toute petite, à deux mois 1/2, tu avais tout de même dû subir des traumatismes.

Tu avais une phobie de la laisse, impossible de te promener les premiers temps, chaque bruit extérieur te terrorisait. Je me sentais totalement impuissante, perdue mais Papa a tout géré ! Vive l'éducation positive à coup de friandises dans les poches !

On a testé divers harnais jusqu'à trouver celui qui t’a rassurée lors des promenades.

Les escaliers de la cave ont été une grosse étape à franchir, on a eu droit aux pleurs, à la bave, au pipi, impossible de te faire descendre. A coup d'amour et de patience, au bout de six mois, Papa, en mettant une croquette sur chaque marche et en se plaçant devant pour ne pas que tu voies les autres marches descendantes, a réussi à te faire aller jusqu'en bas. On a, tous les quatre, dû faire peur aux voisins tant on a crié notre joie !

De temps en temps, il t'arrive encore de marquer un temps d'arrêt avant de descendre, certaines choses refont surface.

Tu nous as réservé un autre problème, tu es malade en voiture. Le truc bête et pourtant si contraignant car évidemment, tu es le 5^ème membre de la famille et on veut t’emmener partout.

Tu as suivi divers traitements et le vétérinaire a finalement conclu que tu ne guériras pas. Le long voyage que tu as fait pour venir jusqu’à nous t’a certainement traumatisée.

Depuis quatre ans, on persévère quand même, chaque jour, on essaie, avec le coffre ouvert, on avance juste d’une centaine de mètres. Tu baves beaucoup mais ne vomis plus, c’est une petite victoire.

Tu nous as fait quelques bêtises durant les deux premières années, quand on te laissait seule, pourtant pas très longtemps. Tu as mangé les télécommandes, les jeux des filles, tes couvertures …

Papa a construit des barrières pour éviter l'accès au salon, on remontait les rideaux en partant, on enlevait tout ce qui traînait sur les tables.

Il nous est arrivé de nous énerver, pourtant à aucun moment il ne nous serait venu à l'idée de t'abandonner. On t'a toujours considérée comme un enfant à élever, un enfant on ne l'abandonne pas à la moindre faute.

Cassandra te cherchait toutes les excuses du monde, Elina rigolait, Papa moins.

Le véto nous a conseillé de te mettre dans une cage, c'était hors de question !

Mais on a fini par en acheter une, le modèle XXXL où on pouvait rentrer à plusieurs dedans. On a décidé de te la faire considérer comme une cabane, pas comme une punition. On y a mis ton énième couverture, tes jouets, tu y dormais et on la fermait lorsqu'on allait faire les courses.

Que de culpabilité mais quel soulagement, soyons francs !

Heureusement, très peu de temps après, je dirais trois ou quatre mois, on a tenté de laisser la porte ouverte en partant et au retour tu n’avais fait aucune bêtise. Je ne sais par quel miracle !

Aujourd'hui tu as quatre ans donc. Tu fais la fête chaque matin à Elina lorsqu'elle descend. Tu ramènes tes jouets à Cassandra car tu sais que tu es tout pour elle et qu'elle stoppera tout pour venir jouer avec toi. J'avoue même qu'elle t'aime à m'en faire peur, c'est trop … si c'est possible d'aimer trop. Heureusement qu’elle sera adulte lorsque tu partiras car sinon ce serait une tragédie, ça le sera d'ailleurs, mais dans très, très longtemps.

Tu remplis nos vies de bonheur car tu es la chienne parfaite, je ne suis pas très objective mais on est quatre à le dire donc ça doit être vrai !

Quand je croise certaines personnes avec un chien, je dis "ah tiens, vous avez un chien" mais moi c'est quand je vais à l'école parfois sans toi qu'on me dit "ben où est la chienne ?"

Voilà ça résume notre famille, on est cinq et que cela plaise ou non, il en est et il en restera ainsi.

Tu viens de Guadeloupe où l'animal ne semble pas être considéré comme un être doué de sentiments. On ne peut pas comprendre et tu dois te demander pourquoi on te serre si fort après avoir lu certains sauvetages de tes copains créoles.

Tu apportes plus à notre famille que bon nombre de personnes "humaines" qu'on a pu rencontrer sur cette Terre. On a notre vie de famille à cinq, les filles ont fait beaucoup de "sacrifices" pour toi, pas de vacances les premiers temps pour te laisser le temps de t'habituer à la voiture, fini les départs en avion car on ne te laisse pas à garder. On ne va que dans les endroits qui acceptent les chiens donc l’année dernière, pour notre semaine de vacances dans les Landes, on en a fait des repas Mc Do assis dans le coffre !

Et pourtant, tout cela est une évidence, tu vas partout avec nous !

Les promenades en forêt, les diverses manifestations festives, les parcs acceptant les chiens, les marchés, l'océan, on fait tout en famille.

Lorsqu'on te voit toute en boule dans ton panier, contre le radiateur, on a la gorge serrée en imaginant que tu aurais pu ne pas être là et qu'au même moment, tant de copains sont encore malheureux alors qu'ils ne sont qu'amour, pourquoi l'humain a-t-il si peu de cœur ?

On a une pensée chaque jour pour toutes ces belles âmes qui vous sauvent, on les remercie de tout notre cœur pour toi, notre boule d'amour au quotidien, la plus belle des créoles pour nous, 28 kilos d'amour, de loyauté, d'attention, la parole semble inutile pour qu'on se comprenne, tu n'es pas un chien d'ailleurs, tu es notre Lolo d'amour, notre poilue, notre bébé d'amour, Louloute.

Sans toi, notre maison serait propre, sans poils partout, sans toi, on pourrait en faire des sorties partout et ne plus regarder l'heure pour avoir à te sortir, mais qu'est-ce que notre cœur serait vide !

Merci Aloha pour les étoiles dans les yeux de Cassandra et Elina lorsqu'elles te regardent, merci pour tes câlins chaque jour, à venir nous faire la fête même si tu es bien installée dans ton panier, merci de combler le cœur de chacun.

On t'aime fort notre Louloute et on aimerait tant que chaque animal sur cette Terre ait l'amour et le respect qu'il mérite...

Ecrit par Priscillia et Mabel

Merci Aloha

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