Le_message_d_Orgon

Le message d’Orgon … Ne vous inquiétez plus … je suis HEUREUX.

Beaucoup de personnes ont suivi mon histoire en espérant qu’elle se termine bien pour moi. Je vais donc vous la raconter …

Elle commence en Guadeloupe, dans la rue, à Basse Terre. J’y ai survécu pas mal de temps, quatre ans environ selon les témoignages, dans un environnement très violent.

Régulièrement nous étions chassés à coups de pierres et de tessons de bouteilles. Nous étions plusieurs sur le site et devions nous battre souvent pour réussir à manger le peu que nous réussissions à grappiller.

Heureusement pour nous, au bout de quelques années, un gentil monsieur est venu nous nourrir, il nous avait signalé et surveillait notre devenir.

J’ai pu être placé dans une pension le temps qu’une bonne fée me trouve une place dans un refuge en métropole. J’ai eu beaucoup de mal à me réinsérer dans ma nouvelle vie, je n’avais connu que la rue et la violence.J’ai cependant fait d’énormes progrès durant les quelques mois où j’y suis resté.

J’ai traversé l’atlantique, le 2 Juin 2014, exactement, pour me retrouver dans un refugeen Lorraine.

J’y suis resté deux ans, c’est pendant ce temps que de nombreuses personnes se sont intéressées à moi et souhaitaient que je trouve rapidement un foyer.

Moi je me trouvais bien dans mon box tant que l’on me laissait tranquille. Ma vie y était douce. Je ne souffrais plus de la faim ni de la soif, j’avais un panier, personne ne venait m’ennuyer. Je restais peinard dans mon couffin la plupart du temps.

Certes il faisait parfois un peu froid et humide et avec l’âge je souffrais d’arthrose, le climat n’aidait pas je crois. Du coup je n’appréciais plus vraiment les promenades. Un traitement adapté m’a permis de me mouvoir à nouveau sans douleur.

J’ai fini aussi par m’habituer aux quatre saisons en métropole.

Une jeune fille venait me voir régulièrement et me promenait. Au fil du temps j’ai manifesté de plus en plus de plaisir à la voir arriver, je remuais la queue, je lui sautais au cou, je lui réclamais des câlins. Je me suis révélé de plus en plus affectueux avec elle. J’étais donc capable d’apprécier la chaleur humaine et les caresses. La violence de la rue ne m’avait pas complètement détruit.

Une autre dame, devenue récemment bénévole dans le refuge, s’est aventurée, un jour, dans mon box. J’étais endormi, je n’avais pas envie de sortir mais je me suis laissé faire, j’ai dû sentir que je devais me bouger !! L’instinct ? Je ne sais pas.

Peu de personnes me promenaient car je ne me montrais pas docile envers tout le monde.

Elle est revenue presque chaque jour pendant un an. Je m’étais bien habitué à elle. L’hiver 2015 arrivant, cette gentille dame a souhaité m’accueillir chez elle.

Elle avait déjà quatre chats à la maison. Elle a fait des travaux dans sa maison pour m’aménager une pièce avec accès direct dans le jardin. Vous imaginez ? Des travaux pour moi, le mal aimé en Guadeloupe ! Les miracles existent donc !

Il a donc fallu attendre encore quelques mois. Et le 21 Mai 2016 exactement, c’était journée « portes ouvertes » au refuge, la porte s’est effectivement ouverte pour moi !!

Au début, nous faisions deux promenades chaque jour et le reste du temps je le passais dans le jardin. Je profitais de ma liberté retrouvée et du beau temps.

Me voici à côté de ma maîtresse que je ne quitte pas du regard.

Mon arthrose persistant, j’ai été mis au régime, j’ai perdu cinq kilos, et aujourd’hui je tire sur la laisse comme un jeunot.

J’avais mauvaise réputation mais je suis sociable avec les personnes que nous rencontrons et recherche même des caresses.

Avec mes congénères, cela dépend, j’ai mes têtes, la vie en meute m’a appris à me méfier.

J’adore quand ma maîtresse me brosse chaque jour. Je le lui fais savoir à grand renfort de léchouilles sur le visage et le cou. Je suis collé à elle la plupart du temps.

Par contre, il vaut mieux ne pas me déranger quand je mange, là je pourrais mordre.

J’ai connu la faim pendant si longtemps, il faut me comprendre, je devais me battre pour réussir à manger alors aujourd’hui je ne laisse personne s’approcher de mon repas.

Il faut toujours faire attention d’ailleurs quand un chien a la tête dans sa gamelle, je ne suis pas le seul à la défendre. C’est un réflexe, l’instinct de survie qui est plus ou moins développé selon les animaux.

Voilà, je voulais faire passer le message à toutes les personnes qui m’ont suivi pendant si longtemps … de près ou de loin, même de très loin, je pense bien sûr à ma Guadeloupe natale … Ne vous inquiétez plus pour moi, je suis heureux aujourd’hui … HEUREUX.

Voici ma dernière photo, le jour supposé de mon anniversaire, avec mon cadeau.

Je remercie toutes celles et ceux qui se sont occupés de moi, le gentil monsieur qui me nourrissait à Basse Terre, la dame qui m’a sorti de là, la dame de la pension, le personnel du refuge, tous les bénévoles, ma douce jeune fille et ma maîtresse qui me permet aujourd’hui de vivre dignement.

Ecrit par Mabel, Melissa et Catherine

Le message d'Orgon

Partager cet article