Bien tristes sont les animaux de cirque
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Quand j’étais petite, je me souviens de l’arrivée du cirque dans ma commune.
Une voiture, peinte avec de jolis dessins, sillonnait les rues et un haut-parleur annonçait le spectacle avec de la musique. C’était une ambiance de fête
Un grand chapiteau aux couleurs vives se dressait alors dans le parc.
Nous étions nombreux à y courir le jour venu.
Je me régalais avec les clowns, qui me faisaient me tordre de rire. J’admirais la dextérité des jongleurs, la souplesse des acrobates et la précision des trapézistes.
Mais j’adorais par-dessus tout voir les animaux.
J’ai vu des éléphants et des chevaux danser, des singes et des caniches faire du vélo, se mettre sur leur tête, se tenir en équilibre sur des ballons … Que sais-je encore ?
J’ai admiré les félins, majestueux qui sautaient sur des tabourets et levaient la patte. J’en ai même vu traverser des cercles de feu.
J’applaudissais à m’en faire mal aux paumes des mains.
C’était un spectacle féérique.
Mais, plus grande, je découvris l’envers du décor, en me promenant aux alentours d’un cirque.
Je suis tombée sur des chameaux en bien triste état, affalés sur le béton. Ils semblaient résignés. Je les ai alors imaginés dans leur désert d’origine et j’ai réalisé la triste vie qu’était la leur, confinés dans cet enclos.
J’ai aperçu des lions et des tigres en cage. Leur regard vide m’a transpercée. J’ai pensé évidemment qu’un animal sauvage ne pouvait pas être heureux enfermé. Je me disais qu’endormis ils devaient rêver qu’ils couraient dans la savane, la forêt, les prairies et que leur réveil devait être bien cruel.
En voyant une otarie sur le parking j’ai reçu un choc. Pauvre petite, elle aussi, était bien loin de son milieu naturel.
Ce jour-là je décidai de ne plus jamais mettre les pieds dans un cirque exploitant des animaux, car je venais de comprendre qu’ils étaient condamnés à une vie de tristesse et de frustration.
Alors je me suis posé des tas de questions.
Pourquoi les avait on enlevés et amenés jusque-là ?
Juste pour nous permettre de les voir de près ?
Juste pour nous amuser ?
Juste pour se faire un peu d’argent en les exhibant ?
Et comment étaient-ils venus ici ? Depuis l’Afrique et l'Asie pour la plupart.
Imaginer ces pauvres animaux traverser la mer sur un bateau, avec le roulis des vagues, m’était insupportable.
Maintenant, on les acheminait en camion de villes en villes pour nous offrir le spectacle le plus triste que j’aie jamais vu finalement, j’en prenais conscience aujourd’hui.
Après avoir été kidnappés sur leur lieu de naissance, le pire les attendait, à l’arrivée du long voyage,
Combien d’heures de dressage avait-il fallu pour faire faire à tous ces malheureux les pirouettes qui me faisaient rire ?
Combien de violence et de souffrance dans les coulisses des cirques ?? Combien d’animaux sont battus parce qu’ils refusent de se soumettre, battus jusqu’à ce que leur résistance soit vaincue.
Combien de coups de fouet pour que les lions et tigres sautent sur un tabouret et lèvent la patte ? Combien pour réussir à les faire traverser des cercles de feu ? Je n’osais pas y penser.
Un éléphant n’est pas fait pour se mettre assis sur un tabouret, c’est contre nature.
Et les singes ? Vous avez certainement vu à la télévision la façon dont ils vivent en liberté. Comment peut-on les imaginer heureux dans un cirque ? Combien de maltraitances pour réussir à les dompter ? J’ai vu des vidéos sur la façon dont ils étaient traités qui m’ont fait pleurer.
Combien de souffrances infligées pour réussir à faire exécuter une roulade ou autre pitrerie et la répéter inlassablement jusqu’à ce qu’elle devienne un automatisme.
Un coup de fouet ou de pique suffira ensuite pour rappeler à l’animal ce qui l’attend s’il n’obéit pas.
Tous ces animaux exécutent ces numéros parce qu’ils n’ont pas le choix, pas pour le plaisir de nous entendre rire et applaudir.
Cette musique si entraînante doit en plus leur casser les oreilles. Depuis ce jour-là, je ne la supporte plus d’ailleurs.
Quand ils sont finalement réduits à l’état d’esclaves, quelle est leur vie entre deux spectacles ?
Les éléphants dans leur milieu naturel, vivent en communauté et parcourent de longues distances. Les félins occupent de grands espaces à l’état sauvage.
Au sein des cirques, ils vivent enchaînés et confinés seuls dans un environnement restreint.
Ces animaux sont privés de tout ce qui leur est essentiel.
Regardez ce buffle réduit à brouter l’herbe d’un espace vert, à côté de la circulation.
Et ce zèbre derrière une barrière …
Il y a de quoi être révolté.
J’ai vu un cirque s’installer à Capesterre-Belle- Eau, en Guadeloupe. J’ai réalisé que de pauvres animaux faisaient le tour des îles et j’en ai été bouleversée. Ainsi, ils voyageaient à nouveau en bateau, et pour de très longues distances parfois.
J’y ai vu des chameaux, faits pour vivre dans le désert sec et aride, qui devaient supporter l’humidité ambiante.
Un dromadaire
Ma conviction était déjà faite de ne plus aller voir les cirques exploitant des animaux, sinon je crois qu’elle serait née ce jour-là.
Je pensais que si plus personne ne les fréquentait, les animaux seraient replacés dans des zoos.
Certes, ils ne seraient pas aussi heureux qu’avant leur capture mais on ne pouvait plus les remettre dans leur pays d’origine car les rendre à la vie sauvage serait les mettre en danger. Dans un parc, ils ne seraient plus forcés à faire des pirouettes et pitreries de toutes sortes, ils pourraient finir leurs jours sereinement.
Il n’aurait pas fallu les kidnapper mais le mal était fait et il fallait agir pour réparer au mieux.
Et si la plupart des animaux de cirque aujourd’hui sont nés en captivité, ce n’est pas le cas de leurs ancêtres, ne l’oublions pas !
Des associations depuis se démènent pour lutter contre ces pratiques, c’est grâce à l’une d’elle que j’ai pu avoir les photos qui illustrent cette histoire et je la remercie, je les remercie toutes de lutter pour que finisse l’esclavage des animaux de cirque.
Faites comme moi, regardez les animaux à la télévision, vous les verrez VIVRE. Dans un cirque, vous ne pourrez pas découvrir leur vraie nature, vous ne verrez que de tristes animaux-clowns.
Ecrit par Mabel
Merci au groupe d'actions animales Moselle pour les photos.