Les petites filles de Mana
Longtemps après que Mana ait quitté la plage pour nager loin dans les profondeurs de l’océan, le sable s’est tout à coup mis à bouger.
Une petite tête s’est montrée, les yeux à demi clos aveuglés par le soleil.
La première petite tortue venait de voir le jour, elle agitait ses pattes pour se dégager du nid.
Elle arriva enfin à s’extraire et humant l’odeur de la mer elle se dirigea tout droit vers l’eau.
Tous les œufs que les mamans tortues, comme Mana, avaient bien mis à l’abri se mirent à éclore.
La plage grouillait de petites têtes, de petites pattes qui voulaient sortir de leur cachette et voir aussi la lumière.
Tandis que les premiers bébés avançaient déjà attirés par l’océan, suivant leur aînée, les derniers se débattaient encore dans le sable.
La plage fut bientôt recouverte de petites tortues qui se hâtaient, voulant quitter au plus vite le sable brûlant sur leur tête et sous leurs pattes pour se rafraîchir dans l’eau.
Alors que les plus rapides sentaient déjà les vagues les lécher, certaines rencontraient des difficultés inattendues.
En effet, dans un coin de la plage, aucune petite tortue n’était visible. L’endroit était, comme à son habitude, désert.
En fait, un mur infranchissable empêchait l’accès à la mer. Les petites tortues essayaient de le surmonter, de grimper mais retombaient inlassablement sur le sable.
Elles se redressaient et de plus en plus fatiguées, tentaient un nouvel assaut. Ce qui leur paraissait un mur n’était en fait qu’un tronc d’arbre jonché sur le sable.
Heureusement, les habitants de Mana, surveillaient l’éclosion des œufs et le départ des petites tortues pour leur premier grand voyage.
Ils déplacèrent alors le tronc d’arbre pour libérer le passage aux plus vigoureuses qui reprirent leur course effrénée.
Les sauveteurs prirent dans leurs mains, avec beaucoup d’attention, les bébés tortues les plus fatigués et les déposèrent sur le sable mouillé attendant que la première vague les emporte doucement rejoindre Mana et toutes les tortues de l’océan.
Ecrit par Mabel.
Les photos illustrant cette histoire ont été prises en Guadeloupe en Décembre 2016. Merci à Chantal.