Princesse Java

 Princesse_Java

Je suis née en Guadeloupe, dans la nature, nous étions quatre filles dans la portée avec notre maman.

Un jour, de méchants hommes sont venus nous trapper. Nous courions dans tous les sens pour leur échapper mais ils ont été plus forts que nous et nous ont emmenés dans leur camion blanc. Nous sommes partis à la fourrière, nous avons été séparés de notre maman et mis dans une cage.

Le jeudi matin qui a suivi a été le plus horrible jour de ma vie. Un médecin des animaux a exterminé tous nos congénères et notre maman sous nos yeux. Je n’oublierai jamais. Je ne sais pas par quel miracle, nous avons échappé à ce carnage.

J’ai été sortie de cet enfer et, un peu plus tard, j’ai traversé l’océan pour rejoindre un refuge en métropole.

Quand je me suis retrouvée à nouveau dans un box, j’ai paniqué, je pensais que tout allait recommencer. Mais non, là, je n’ai pas été maltraitée, j’avais même droit à des caresses. On nous sortait pendant le nettoyage des cages.

J’avais été baptisée Princesse. J’ai appris que mes sœurs Gypsie et Paxy étaient parties un peu plus tard dans des endroits différents. Je sais qu’elles ont été adoptées, je n’ai pas jamais su ce qu’était devenue la quatrième de la fratrie.

Ne faites jamais appeler la fourrière quand vous voyez des animaux errants. Je vous en supplie.

Je passais depuis mes journées à me morfondre dans mon box.

Pendant ce temps, une dame, après d'intenses semaines d'argumentations avait réussi à convaincre son mari de reprendre un chien. Il mit pour seule condition que ce soit un chiot.

Leur précédent chien, Oslo, adopté dans un refuge avait subi de graves maltraitances, ils l’ont découvert au fur et à mesure des visites chez le vétérinaire et ne voulaient pas revivre cela.

Elle arriva donc le jeudi 18 décembre 2014 vers 14h45 au refuge.

Elle avait regardé les animaux à adopter sur le site internet pour éviter de voir leur détresse dans leurs cages. C’était trop dur car elle aurait aimé tous les rendre heureux et les ramener avec elle.

Elle rencontra une bénévole qui l’amena vers mon box.

Mais je la laisse vous raconter notre rencontre, elle saura mieux vous dire que moi.

« Celle qui allait devenir "mienne" était dans son coin très, très craintive. Je la comparerais à un enfant qui pense que personne ne voudra de lui.

Elle était là avec son air infiniment triste, un jeune labrador venait la titiller, mordre, pour jouer et elle ne rétorquait pas.

Pour un chiot de 4-5 mois elle était déjà bien grande par sa race, elle n'avait rien d'un puppy. J'avoue que ce ne fut pas le coup de foudre comme on peut fondre devant des chiots mais autre chose m'attirait chez elle, nous avions les même souffrances dans nos yeux.

Je suis rentrée dans sa cage, je suis restée, là, pendant 15 minutes à la regarder. Elle ne s'approchait pas de moi malgré mes appels mais ce n'était pas grave, je devais moi aussi me faire apprivoiser par elle !

Apres une demie heure passée avec elle dans son box et hors du box, j’ai dû repartir, mes obligations familiales m’attendaient, sinon je crois que je serais restée pour toujours avec elle. Je lui avais promis de revenir la chercher. Je pris plein de photos d'elle avant de partir mais c'était dur car elle me fuyait. »

Voilà ma première rencontre avec celle qui allait devenir ma maîtresse.

Je l’avais entendue demander à la bénévole de me réserver pour elle, qu’elle en parlerait à son mari et que c’était presque sûr qu’ils reviendraient me chercher.

Presque sûr …Je ne me faisais pas trop d’illusion, on était samedi matin et j’étais toujours là !

Je ne savais pas que le soir même de sa visite, ils avaient décidé que je serais dans leur foyer.

Et ce samedi matin, à la première heure, ils sont allés acheter panier, couffin, laisse, gamelle, croquettes.

Ils sont arrivés tous ensemble, ce samedi 20 Décembre 2014, elle, son mari et leurs deux enfants.

Tout ce monde- là pour moi !

La date était symbolique pour eux, ils se sont mariés un 20, leur fille est née un 20, je devais donc arriver chez eux le 20 !

Ces histoires de chiffres me laissaient indifférente, l’important pour moi était de quitter ce refuge qui me rappelait trop la fourrière en Guadeloupe.

Je suis alors devenue Java laissant ma robe de Princesse derrière moi.

Les enfants m’ont immédiatement adoptée. C’est mon maître qui se lève le premier chaque matin à 6h30 le week-end pour m’ouvrir la porte du jardin.

Ma maîtresse dit qu’elle m’aime comme si j’étais son 3^ème enfant. Si elle n’a pas eu le coup de foudre pour moi, elle dit que le sentiment qu’elle me porte est indéfectible.

Elle m’a parlé des chiens qui ont fait partie de sa vie quand elle était plus jeune.

Là aussi je lui laisse la parole, elle en parle tellement bien.

« J'étais adolescente quand mes parents ont recueilli un berger allemand, un chien de surveillance, muselé toute la journée et le soir enfermé dans une cage.

C’était une femelle. Douchka avait environ 7-8 mois quand elle est entrée dans ma vie. C'était une chienne agressive car maltraitée, mis à part mon père, mon frère et moi personne ne pouvait l'approcher. Avec le temps elle s'est apaisée.

Merci à notre Funcky, une rottweiler, que nous avions depuis ses 2 mois qui me rassurait. Cette chienne me comprenait mieux que quiconque. Lorsque que je courais me réfugier en haut du jardin de mes parents, elle venait à mes côtés sans bouger. Quand j'avais fini de pleurer toutes les larmes de mon corps elle s'approchait de moi pour réclamer des câlins.

Douchka est morte à l'âge de 16 ans, Funcky l'a suivie peu après, de tristesse à 17 ans. J'espère offrir à Java une longue et aussi belle vie que mes deux autres plus fidèles amis. »

Je suis très heureuse dans cette famille, je ne pouvais pas mieux tomber.

Je me suis épanouie, nous faisons de longues promenades et je leur réserve parfois quelques surprises.

Un jour que nous nous baladions en lisière de forêt, culpabilisant de me tenir en laisse, ma maîtresse décida de me donner un peu de liberté.

Me voilà partie les oreilles au vent, je fis la rencontre de gros animaux, des vaches, je me mis à jouer avec elles, enfin à essayer … car elles s’enfuirent à mon arrivée.

Qu’à cela ne tienne, je les ai coursées, je leur tournais autour. Je m’amusais bien sans réaliser le stress que je faisais endurer à ma maîtresse. Elle craignait que l’une d’elle me marche dessus ou ne succombe d’un arrêt cardiaque. Cette course poursuite a duré presque deux heures. Et j’ai bien faire rire le voisin !!!

Nous sommes allés en vacances à la montagne pour que je puisse profiter du grand air et des randonnées. Au début, j’étais tenue en laisse mais, sentant mon besoin de courir, ma maîtresse a fini par me libérer. Tout se passa bien au début, je filais et quand elle m’appelait, je revenais aussitôt, Bravo ma Javounette me disait- elle !

Mais l’appel du large a été le plus fort, j’ai filé comme une gazelle explorer la forêt. Mon maître a mis plus d’une heure à me retrouver. On a fait une véritable partie de cache-cache. Je me suis beaucoup amusée, lui moins je pense.

J’ai été confiée pendant quelques temps à Geoffrey et à ses enfants. Ils habitent à l’autre bout du lotissement. Maintenant quand l’envie me prend, je monte sur le muret et je saute par-dessus le portillon pour aller leur dire bonjour.

J’ai oublié de vous dire que je partage ma vie avec deux chats, Lima et Miami.

Ils se disputent parfois alors je me mets entre eux pour leur dire de se calmer. Je n’aime pas les conflits, je suis du genre diplomate.

Avant de terminer mon bavardage, je laisse ma maîtresse adresser un dernier message aux bonnes fées de la protection animale. 

« Merci à toutes et tous pour ce beau cadeau que vous m’avez offert avec ma … plutôt notre … Java car elle nous rend tous les quatre heureux mais aussi Geoffrey et sa famille, Blanco le Golden Reitwiller de mes voisins, Jessica, Pierre, Elisa et Matheo, les enfants que je garde .... Java elle sème le bonheur autour d’elle et ça c'est grâce à vous. MERCI. »

Moi, la petite Princesse devenue Java je vous envoie plein de léchouilles et cette histoire est mon cadeau.

Ecrit par Noëlle, Khalida et Mabel