Patchie

1 février 2017

J’étais une jeune maman jetée, avec mes quatre chiots, sur Jarry, la zone industrielle de Baie Mahault, en Guadeloupe,. Nous courions de grands dangers.

Le personnel d’une usine nous mettait à l’abri parfois dans la journée et nous donnait à manger. Le week-end le portail était fermé et nos petits estomacs criaient famine.

Nous avions été signalés mais n'avons pas pu être sécurisés assez tôt, un de mes bébés est mort, écrasé. Deux autres ont été pris et adoptés par de bonnes familles qui travaillent dans le quartier.

J’étais donc restée avec mon petit dernier. Mais il a disparu avant que nous ne soyons pris en charge. J’étais très triste de me retrouver seule. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé, qu’il a juste été ramassé et qu’il vit aujourd’hui heureux dans un doux foyer.

A ce moment-là, loin de nous, en métropole, une famille avait prévu d’adopter un chien.

Les bonnes fées de la protection animale en Guadeloupe diffusent beaucoup sur internet maintenant et ces personnes ont découvert ma situation. La dame a eu un gros coup de cœur pour moi. Sans me connaître elle voulait me sauver.

Elle a donc contacté les responsables de l’association qui me suivait et s’est engagée à m’adopter et à participer aux frais de vétérinaire.

Ce n’est pas fréquent que des animaux soient confiés, si loin, à des inconnus. De longues conversations se sont alors engagées et un rendez-vous a été pris avec une bénévole qui réside en métropole. La future adoptante ayant l’air sérieux, il fut décidé de préparer mon départ pour aller la rejoindre.

Il a fallu cependant attendre qu’une place se libère pour moi. J’ai finalement pu être sortie de Jarry saine et sauve, un vrai miracle.

Je suis d’abord allée en pension avant d’être placée dans une famille d’accueil.

J’ai aussitôt eu droit à un toilettage, j’en avais grandement besoin. J’étais méconnaissable !

Mais tout ne se passa pas comme prévu car le vétérinaire m’a diagnostiqué la dirofilariose, la vilaine maladie des vers du cœur, dont souffrent beaucoup de chiens de la rue. Le traitement est lourd.

J’ai eu la chance de bien le supporter mais j’ai dû patienter de longues semaines avant de pouvoir partir.

Et le 30 Décembre 2016, juste avant le réveillon, je me suis envolée pour rejoindre ma famille qui m’attendait avec grande impatience.

Le lendemain matin, à Roissy, j’ai été accueillie par ma maman d’adoption.

Mon arrivée dans la maison fut un peu chaotique car Aliene, la bouledogue ne m’a pas souhaité la bienvenue. Elle grognait et semblait mécontente de devoir cohabiter avec moi. J’étais l’intruse mais je ne me suis pas laissée impressionner, j’ai répondu du tac au tac.

Ma maîtresse m’a gardée en laisse, pendant quelques jours, pour éviter que cela ne dégénère. Avec le temps nous avons fait plus ample connaissance et nous vivons désormais côte à côte, sans problème, à la plus grande joie de tous.

Au début je mangeais à peine, juste de quoi tenir debout.

Je suis encore en laisse dans le jardin car quand je me retrouve à l’extérieur je panique.

Tous ces bouleversements dans ma vie m’ont perturbée.

J’ai subi un premier abandon et me suis retrouvée complètement perdue à Jarry. Puis j’ai dû quitter la nouvelle famille qui m’avait accueillie et si bien soignée. Il faut que je m’habitue dans la troisième à présent.

Un mois après, ma maîtresse doit encore me rassurer souvent. J’ai tellement peur de la perdre elle aussi que je ne la quitte pas. Elle m’a surnommée son ti chewing-gum.

Nous sommes déjà très complices.

Par contre, il fait froid ici, je ne suis pas encore habituée. Je ne sors pas beaucoup, je préfère rester au chaud sur mon petit lit douillet et ma couverture aux pieds de ma maîtresse.