Inna, la petite guadeloupéenne devenue princesse

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Mon histoire commence en Guadeloupe bien que je ne sois pas créole.

Maltraitée, je m'étais réfugiée chez un voisin, espérant y trouver un peu de répit et de réconfort, mais ce monsieur n'a pas voulu me garder et a appelé une association de protection animale. J'avais à peine 10 mois.

J'ai traversé assez vite le grand océan pour me retrouver dans un refuge en métropole, dans le département de l'Isère. C'était au mois de juin, je n'ai pas trop senti la différence de température. Je découvrais un monde totalement nouveau, j'étais avec des copains et copines, je recommençais à vivre, je me sentais bien. Nous étions en liberté et en sécurité.

Un jour, des personnes sont venues me voir et m'ont emmenée chez elles, en vue d'une adoption, j'étais aux anges. En Guadeloupe, en me disant au revoir, les gentilles fées m'avaient rassurée, elles m'avaient promis que je trouverais une gentille famille de l'autre côté de l'atlantique. Ce jour était enfin arrivé et c'est le coeur confiant que j'avais suivi mes nouveaux maîtres.

Hélas, ma joie fut de courte durée car ils m'ont ramenée au refuge assez vite. Je n'avais jamais connu la chaleur d'un vrai foyer, il fallait juste avoir un peu de patience avec moi. C'était trop demander probablement.

Cette adoption ratée m'a perturbée, j'étais triste et je n'appréciais plus la vie en refuge, malgré la présence de mes congénères, j'ai commencé à  déprimer. 

Les jours, les semaines, les mois passaient et personne ne semblait plus s'intéresser à moi. Les saisons défilaient, je découvris l'automne puis le vilain hiver, je n'étais pas habituée au froid ni à la neige. Et surtout, je voyais mes amis partir avec leurs familles alors que moi je restais là. 

Les personnes du refuge étaient très gentilles avec moi, voyant ma détresse elles ont décidé de me placer dans une famille d'accueil. Certes ce ne serait pas définitif mais elles pensaient que cela m'aiderait à déstresser un peu. Et puis je ne saurais pas que ce n'était que provisoire.

J'ai donc eu droit, pour la 2ème fois, à la joie de franchir la porte du refuge. Mais, au dehors, ce ne fut pas la vie dont j'avais rêvé, mes nouveaux "maîtres" s'absentaient longtemps, j'avais du mal à supporter de me retrouver seule et je pleurais beaucoup. Cela a dérangé Monsieur le voisin qui se plaignait de m'entendre, alors j'ai dû revenir une fois de plus.

Le sort semblait s'acharner sur moi, qu'avais-je fait pour ne pas avoir droit au bonheur ? Je ne peux même plus vous décrire ma tristesse, je ne trouve pas les mots.

Enfin, le miracle se produisit. En plein milieu de l'hiver suivant, soit 20 longs mois après mon arrivée au refuge, je vis arriver une jolie dame et un monsieur. Ils se sont intéressés à moi, m'ont parlé doucement et après avoir réglé la paperasserie, ils m'ont emmenée.

J'ai senti d'instinct que j'allais être heureuse avec eux. Et dans la voiture qui roulait vers mon nouveau foyer, je regardais défiler le paysage sereinement.

Je me sentais bien dans leur appartement, je n'ai pas pleuré pendant leur absence. Au fil du temps, j'ai compris leur rythme de travail et j'étais rassurée chez eux. 

Je leur faisais la fête quand ils rentraient le soir et ne me lassais pas de leurs caresses. Il arrivait que je vienne en réclamer et quand j'étais repue je retournais dans mon panier. J'étais devenue joueuse aussi. Je m'épanouissais enfin auprès de mes maîtres.

Ils m'ont appris qu'on ne devait pas toucher aux poubelles comme je le faisais malheureusement, si souvent, en Guadeloupe, pour trouver à manger.

Je mettais tellement de bonne volonté pour leur plaire que j'allais même jusqu'à ranger mes jouets.

J'ai fini par prendre mes aises et suis allée les rejoindre dans le lit, lovée entre les deux, j'étais au Nirvana.

J'avais aussi droit à de belles promenades dont je profitais pleinement et à des sorties à la campagne, dans leur famille, que j'ai aussitôt aimée ... tout comme leur petit chien qui est devenu mon nouveau copain.

Voilà mon histoire touche à sa fin. On a fêté ma première année d'adoption il y a peu de temps.

Je continue à couler des jours heureux avec mes gentils maîtres. Je leur voue un amour et une reconnaissance sans faille, je ne les remercierai jamais assez de m'avoir offert cette vie de rêve.

Je suis en pleine osmose avec eux, le plus souvent, ils n'ont pas besoin de parler, un simple regard ou un petit geste suffisent. Je sais leur répondre aussi par des grimaces et sortes de baillements.

Ils disent que je suis un bonheur à moi toute seule et ils rient souvent de mes mimiques et attitudes.

Je souhaite à tous mes copains d'infortune de connaître ce que je vis désormais au quotidien et je dis à ceux qui sont encore en refuge de ne pas perdre espoir ... un jour viendra où eux aussi franchiront la porte avec de merveilleuses personnes.

Quelques mois plus tard ....

J'ai constaté un changement chez ma maîtresse, senti qu'il y avait quelque chose de nouveau en elle.

J'ai modifié mon comportement en conséquence, suis devenue beaucoup plus calme, plus prudente, ne lui ai plus sauté dessus.

Cette attitude l'intrigua aussitôt et elle découvrit plus vite ainsi, grâce à moi, qu'elle attendait un bébé. 

Eh oui, je vais devenir une grande soeur bientôt !

Maintenant dès que ma maîtresse se réveille, je la suis partout. Je veille sur elle en permanence jusqu'à en tomber de sommeil parfois à ses pieds.

Je suis hyper câline, protectrice, plus aucun chien ni aucun inconnu ne peut s'approcher d'elle sans que je sois immédiatement à ses côtés.

Dès qu'elle rentre du travail, je vais lui faire un câlin et je pose ma tête sur son ventre pour m'assurer que tout va bien et pour montrer au bébé que je le protège aussi.

Je veille d'ailleurs sur la chambre préparée pour lui, je ne touche à rien.

Je veux rassurer mes maîtres, c'est ma façon de leur dire  " ne vous inquiétez pas, j'ai compris qu'un bébé arrive, je serais sage". 

Si je fais très attention à la future maman, par contre je me défoule avec mon maître, je joue comme une folle avec lui, je me dépense comme pas deux et ensuite je vais chercher le calme auprès de ma maîtresse.

Et je parle désormais !! Oui je m'exprime par des jappements ,des baîllements bien bruyants ou autres sons quand je suis contente et mes maîtres rient chaque jour avec moi. Ils disent que je suis fantastique !!

Je suis tellement heureuse avec eux.

Je vous dis à bientôt pour la suite de nos aventures ...

Quatre mois se sont écoulés depuis la naissance de la petite princesse qui s’appelle Romane.  

Je suis toujours aussi adorable, beaucoup plus calme et très prévenante. Ultra douce avec la petite, je ne lui touche jamais le visage, je lui lèche juste ses petits pieds et parfois ses mains. Romane me sourit quand je m’approche d’elle.  

Je n’ose pas aller de moi-même vers elle, j’attends l’autorisation de mes maîtres. Quand je l’entends pleurer je viens voir ce qu’il se passe mais je reste en retrait quand ses parents s’occupent d’elle. 

Je ne suis pas du tout jalouse, je réclame juste mes câlins le matin et le soir quand la petite est dans sa chambre. Durant la journée je mène ma vie de mon côté.

Dans deux mois, nous aurons une nouvelle maison avec un immense jardin.  

J’aurai un espace dans la maison rien que moi, mes maîtres sont en train de le confectionner !

Je vous raconterai !

Voilà, je suis dans ma nouvelle demeure !

J'ai eu besoin de quelques semaines d'adaptation mais j'ai, à présent trouvé mes repères.

Je me régale dans le jardin, je m'amuse, je m'étale dans l'herbe, j'essaie d'attraper des taupes.

J'ai droit désormais à de longues balades sans laisse dans les champs et en forêt. Je marche sur la route en liberté car je m'assois pour laisser passer les voitures.

Je cours vers le portail quand mes maîtres rentrent le soir, je leur fais la fête.

Je profite que la petite soit occupée à jouer ou j'attends qu'elle soit couchée pour venir réclamer ma dose de câlins.

Romane se déplace à quatre pattes maintenant, je ne suis pas très à l'aise quand elle s'approche trop de moi, je la repousse délicatement avec ma patte en lui faisant une grosse léchouille. Parfois je la laisse me caresser ou me tirer un peu les poils.

Quand elle sera plus grande je pense que je serai plus en confiance pour jouer avec elle.

Ecrit par Mabel et Cindy